INTERVIEW CROISÉE
SOPHIE GERMAIN
À la suite de la restructuration du Groupe Thiénot devenu Arvitis, j’ai pris la direction des achats, hors vin, en Champagne et depuis 2024 mon périmètre s’est élargi à Bordeaux. Depuis quelques années, les critères de sélection des fournisseurs évoluent et se portent davantage sur l’origine et la nature des biens que nous achetons pour le Groupe.
PASCALE LAROUI
Je suis rentrée chez Arvitis (anciennement CVBG Dourthe Kressmann) par la porte du contrôle de gestion. J’ai pris en charge la direction financière du pôle bordelais il y a presque vingt ans, et depuis un an, dans le cadre de la réorganisation des fonctions support, j’ai transféré une partie de mes activités sur la holding pour accompagner le groupe sur les projets RH transversaux.
Les déplacements, qu’ils soient professionnels ou effectués dans le cadre des trajets domicile-travail, ont un poids important dans le bilan carbone des entreprises. Concernant notre secteur, les déplacements de personnes sont responsables de 13% des émissions en Champagne et dans le bordelais. Au sein du Groupe, les discussions et premières initiatives pour une mobilité durable moins émettrice de carbone ont commencé à poindre. Pascale et Sophie nous en disent davantage dans cette interview croisée.
1 – Quelles sont les premières mesures mises en place pour réduire l’empreinte carbone des déplacements professionnels ?
Sophie Germain :
Aujourd’hui, trois actions sont déjà initiées pour permettre de réduire l’empreinte carbone des déplacements professionnels.
Conformément à la loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités), qui oblige les entreprises à verdir leur flotte automobile à hauteur de 70% d’ici 2030, le renouvellement de la notre a commencé en 2023. Aujourd’hui 34% de l’ensemble de la flotte automobile en leasing groupe est électrique, hybride rechargeable et hybride non rechargeable.
En parallèle, si certains collaborateurs souhaitent explorer des alternatives aux véhicules de fonction, nous réfléchissons à d’autres modes de mobilité plus durables comme le vélo, les transports en commun, l’autopartage, etc.
Ensuite, depuis cette année, trois voitures électriques ont été mises à disposition à Chalons, Taissy et Ludes afin de permettre aux collaborateurs d’effectuer leurs déplacements de manière décarbonée d’un site à l’autre, pour se rendre chez un fournisseur, un client, à la médecine du travail, mais également pour les collaborateurs de nos filiales en visite en Champagne. Ce même système est en cours de réflexion à Bordeaux.
Enfin, la mise à jour de Notilus sur le 1er semestre 2024 oblige désormais les collaborateurs qui renseignent des frais de transport, à indiquer les émissions de CO2 générées par ceux-ci.
Cela permet à la société de se conformer à la directive CSRD Européenne (volet carbone) et et permet dans le même temps de sensibiliser chacun aux émissions de CO2é générées.
2 – Un groupe de travail a été créé pour réfléchir à une politique de déplacements professionnels qui devrait prendre effet prochainement : quels sont les plus gros défis pour la finalisation de cette charte ?
SG : Le plus grand défi concernant les déplacements professionnels est certainement la diminution de l’usage de l’avion, en particulier en France.
Sur un trajet Reims-Bordeaux, l’avion est 52 fois plus émetteur de GES (Gaz à Effet de Serre )que le train, et prendrait 1,5 fois plus de temps (d’après le comparateur : « https:/www.greengo.voyage » ).
On aimerait viser une politique 0 avion intérieur mais pour l’instant cela reste compliqué dans certains cas comme pour les liaisons transversales.
3 – Quel sera le plus gros bénéfice de cette charte ? De quoi seras-tu la plus fière ?
SG : Premièrement, l’aboutissement de cette charte signifie que les choses avancent et que nous avons de quoi baisser nos émissions de CO2é.
D’un point de vue humain et collaboratif, il est très satisfaisant de se dire que nous aurons réussi à fixer des règles, se donner des directives en écrivant à plusieurs mains : celle des achats qui souhaite minimiser les couts, des directeurs de maison qui cherchent l’efficacité des transports et le confort des collaborateurs et la RSE dont l’objectif est la réduction de l’empreinte environnementale.
4 – Quels sont les plus gros challenges dans la mise en place d’une politique de mobilité durable ?
Pascale Laroui : Comme dans beaucoup d’entreprises multisites, de surcroit dotées de sites industriels et agricoles, les déplacements se font majoritairement en voiture individuelle. Le challenge, c’est véritablement de pouvoir amener les collaborateurs à changer leurs habitudes pour adopter des modes de transports moins carbonés comme le vélo, la marche, les transports en commun, le covoiturage, ou du moins limiter l’usage de la voiture thermique.
Adopter un mode de déplacement moins émissif requiert souvent une plus grande organisation et un effort certain. Il faut que nous réussissions à rendre ces moyens alternatifs de déplacements accessibles et désirables, à valoriser et donner du sens à ces choix.
Par ailleurs, la voiture est un marqueur social fort et ancré depuis très longtemps. Alors qu’il est préconisé pour les personnes ne pouvant se passer d’un véhicule, de se tourner vers un format électrique léger type ZOE (cf dossier p6 ), elles restent attachées à des voitures très lourdes (même électriques), dont l’empreinte carbone globale est très importante. Il faut changer notre propre regard sur les SUV et diffuser et entretenir une image positive des véhicules électriques légers.
5 – Quelles solutions existent et se développent à Greensquare par exemple ?
PL : Nous proposons aux salariés éligibles une carte de crédit mobilité de notre partenaire ALD Move. Cette carte sert uniquement à payer du transport qualifié de mobilité douce. Nous la créditons de 26 euros tous les mois.
Elle permet aux collaborateurs qui en font la demande, de co-financer leurs abonnements ou carnets de tickets de transport en commun, de location de vélo, de scooter électrique, de covoiturage sur les plateformes comme Karos ou Blablacar daily.
L’intérêt de cette carte est de permettre aux usagers d’alterner s’ils le souhaitent des modes de transport différents.
Les solutions que nous aimerions promouvoir en interne et qui paraissent les plus appropriées pour les sites en milieu rural sont : le vélo lorsque le trajet est suffisamment sécurisé (réseau de pistes cyclables) et le covoiturage.